Le retour du coq sur le clocher de l'église

M. Chenu nous raconte l'histoire du coq de St Cyr.
Le Parisien nous en a fait le compte-rendu.
mise à jour de la page : 26/05/2024; mise à jour du site
La petite cérémonie d'aujourd'hui, voulue par l'association Histoire et Patrimoine peut paraître anodine et surprenante. Elle n'est pas sans importance pour notre ville qui ne doit pas ignorer son passé pour préparer son avenir. Cette cérémonie se fait avec le soutien de la municipalité que nous remercions.
Nous remercions aussi monsieur le Père Grosjean, pour la mise à disposition en fin de cérémonie de la salle paroissiale où est présentée une exposition sur l'histoire des quatre églises successives de St-Cyr.
Dans un premier temps, je vous dirai ce que représente cet emblème du coq depuis l'antiquité.
Dans un deuxième temps, je passerai la parole à Gabriel CHENU- fils un St Cyrien de longue date, puisque son grand père était tailleur à l'Asile Départementale. Son père est présent parmi nous. Asile qui a succédé à l'abbaye N.D. des Anges.
Donc, le coq, c'est à tort que certains l'associent au peuple gaulois. C'est au double sens que représentent les mots latins Galus avec un seul l pour gaulois et Gallus avec deux l pour coq que la France doit avoir eu le coq pour symbole. Mais le coq vivant était un volatile vénéré par l'homme dès les temps les plus anciens.
Le philosophe grec PLATON rapporte que SOCRATE, prés de mourir a dit à son disciple CRITON <<N'oublie pas que nous devons sacrifier un coq à ESCULAPE >>
ESCULAPE était appelé chez les romains ASCLEPIOS. Il était le dieu de la médecine. Il était représenté sous les traits d'un homme barbu, ayant auprès de lui un coq, emblème de la vigilance. Vigilance parce que le coq chante dès les premières heures du jour.
Les peuples païens en font l'un de leurs symboles solaires. Cette dévotion au soleil levant sera transformée par le patron de l'Irlande SAINT PATRICK en dévotion au << soleil de justice >>, c'est à dire le CHRIST. C'est le passage des ténèbres à la lumière.
Cette dévotion permettra aux moines de rechristianiser la Gaule dés le VIème siècle. Progressivement, ils introduiront l'emblème des coqs de clocher sur notre continent dès le VIIème siècle.
Ainsi, les chrétiens ont tôt fait d'adopter cette image. Ainsi ce coq évoque l'épisode relaté dans le Nouveau Testament dans lequel, au jardin de Gethsémani, situé au sud-ouest de Jérusalem, JESUS dit à PIERRE << Cette nuit même avant le chant du coq, tu m'auras renié trois fois >>
L'adoption du coq pour emblème national remonte simplement au XIIème siècle où on le voit d'abord figurer sur quelques médailles.
En 1665, les troupes françaises délivrent la ville de LEQUESNOY assiégée par les espagnols. A l'occasion de cette victoire, on frappa une médaille en cuivre sur laquelle figurait la ville avec le lion de Castille poursuivit par un coq représentant les français. Cette médaille est le premier document sur lequel la France est représentée.
Des villes ont adopté de faire figurer le coq sur leur blason. Ainsi le blason de la ville de Versailles dont sa description est <<D'azur à trois fleurs de lis d'or, au chef d'argent chargé d'un coq issant bicéphale au naturel >>
(Issant : signifiant ne présentant que la tête)
A partir de 1659, il est souvent utilisé par les artistes.
COLBERT, ministre du roi LOUIS XIV, désireux de créer un motif de décoration demanda à son peintre LEBRUN d'utiliser des coqs au lieu des acanthes corinthiennes et de les mettre aux chapiteaux en bronze doré de la Galerie des Glaces du château de Versailles.
A la Révolution Française, le coq qui jusqu'alors, n'avait représenté la France qu'exceptionnellement, fut adopté comme emblème national.
Mais quelques années plus tard, avec l'arrivée de NAPOLEON, il fut remplacé par l'aigle impériale.
L'emblème du coq sera de nouveau adopté après la Révolution de 1830 par la IIème République où il figure sur la hampe des drapeaux de régiments.
Il a dû, une seconde fois en 1852, avec l'arrivée de NAPOLEON III, céder la place à l'aigle, qui disparaît de nouveau après les désastres de 1870.
Sur la sculpture <<La Marseillaise de RUDE >>, décorant l'Arc de Triomphe à Paris et datant de 1816, les drapeaux sont surmontés d'un coq qu'ils n'avaient pas à l'époque.
Depuis 1848, le coq figure sur le sceau de la République. Il a été gravé à partir de 1899 sur les pièces d'or de vingt francs.
Aujourd'hui, il est devenu l'emblème des sportifs français, principalement pour le football et le rugby. Parfois, à l'occasion d'un match, les supporters n'hésitent pas à mettre un coq vivant sur la pelouse.
Je passe donc maintenant la parole à Gabriel CHENU.
La 1ère église de Saint-Cyr, construite vers 1115 n'avait pas de clocher, il faut attendre 1734.
Il reçoit au sommet une croix surmonté d'un coq.
A la fin des années1880 l'église présente des signes important d'éboulement.
On étaye l'église pour continuer à fonctionner.
Le 1er juillet 1894, le maire Pierre Antoine GOUX prend une ordonnance pour interdire le culte dès le 1er août 1894.
Le 28 septembre 1894, l'église est fermée pour raison de sécurité.
Le 28 novembre 1894, le préfet prend un arrêté de fermeture définitive de l'église.
Le culte est célébré dans un hangar rue Victor-Hugo.
Le 24 mai 1895, l'église est aliénée ainsi que le terrain du cimetière qui se trouve autour.
La vente à la bougie s'élèvera à 10 150 francs et le bien est acquis par Emile Ernest HERVE, 40 ans, blanchisseur, propriétaire riverain mitoyen de l'église dont la consolidation avait nécessité de construire les piliers extérieurs sur son terrain.
Il démonte l'édifice pour revendre les matériaux et il installe le coq sur son habitation.
Le 20 avril 1896, pose de la première pierre de la nouvelle église au lieu dit « la Pièce Saint-Louis » face aux bâtiments de l'école militaire.
Cette nouvelle église est consacrée le 11 avril 1898 et le coq est installé sur son clocher.
En 1940, l'école militaire est évacuée par les Saint-Cyriens, puis occupée par l'armée allemande. Pour passer le temps un tireur allemand prend le coq pour cible.
Le 22 juin 1944, l'église est détruite lors d'un des nombreux bombardements aériens de Saint-Cyr, seul le clocher reste debout avec le coq à son sommet.
Le coq est récupéré par le bedeau de la paroisse Mr COUDRIN et par mon père Gabriel CHENU.
Il sera installé au faîtage de la salle de théâtre du 55 rue Victor-Berrurier (55 rue Gabriel-Péri) transformée en lieu de culte.
Il y restera jusqu'à la vente de la cité paroissiale en 2008.
Il disparait alors mystérieusement de Saint-Cyr. Après une action personnelle auprès de Mr le maire de Saint-Cyr et de Mr le curé, le coq est revenu à Saint-Cyr.
Octobre 2012, des travaux sont entrepris sur le clocher de la nouvelle église et le coq va trouver naturellement sa place à son sommet.
Ce coq est sur le logo de l'association « Histoire et Patrimoine ».
Gabriel CHENU
Article du Parisien le 26 décembre 2012.